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Aucun doute ma maison c’est la joie.

Il y a sept jours pour jour j’ai plongé joyeusement dans l’illusion d’une eau limpide … une eau bien moins profonde que je ne l’imaginais… et j’ai simultanément expérimenté la caresse de l’eau sur ma peau et la densité du rocher contre les os de mon visage.

Le choc. Je ressors la tête de l’eau, je baigne dans la confusion, je ne vois rien, je suis en panique. L’instant d’après ma vue revient, je sens que je vais m’évanouir, j’appelle à l’aide. « Laurence, Laurence », juste deux fois car cela m’épuise et je réalise que personne ne peut ni m’entendre ni me voir. Je sens mes dents cassées et ma tête meurtrie me donne l’impression d’avoir triplé de volume et de poids.

Le haut de mon corps aspire à la gravité, le bas lutte pour me maintenir hors de l’eau. Alors que je commence à perdre connaissance, ma conscience devient très calme et claire : si tu t’évanouies tu te noies … retourne sur la plage. L’instant d’après je suis à genoux sur le sable, le sang coule, Laurence prend soin de moi … moi je ne suis pas encore vraiment là.

J’observe calmement mon corps en panique. J’éclate en sanglots … j’ai eu tellement peur. Pas de mourir, peur de ne pas pouvoir continuer à vivre cette existence qui m’a été donnée de vivre … je n’ai pas fini de me réjouir … je n’ai pas encore assez aimé.

Cette émotion ressurgira plusieurs fois par jour durant les 4 jours suivants, donnant à tout ce que je ressens un relief particulier … à la fois plus de fluidité et de densité … une densité fluide ! Je me réjouies de constater que cette nouvelle qualité d’être perdure et semble être ancrée en moi.

Je n’ai aucune idée de la manière dont j’ai parcouru les trente mètres qui me séparaient du rivage. J’étais où ? Mes seuls souvenirs sont des écorchures, des épines d’oursins … et un épuisement physique encore présent une semaine après.

Je suis plein de gratitude pour l’énergie mystérieuse qui a permis à mon corps de regagner le rivage. Je pensais n’y être pour rien. Je me dis aujourd’hui que ma pratique yogique quotidienne a certainement contribué à maintenir ma conscience et à pouvoir mobiliser les ressources physiques nécessaires. Merci aux enseignements, à ma discipline … à moi.

Quelle est cette énergie qui a oeuvré à réunir mon corps et ma conscience ? J’ai clairement senti ma conscience observer les actions de mon corps ? J’étais où ? Où est ma maison ? Dans mon corps ? Dans ma conscience ? Que serait devenu ma conscience si mon corps s’était noyé ? Où est ma maison ?Pendant environ une heure, j’ai gardé cette sensation que ma conscience n’habitait pas totalement mon corps. Je pense qu’elle n’avait pas encore assez confiance pour s’y rétablir.

Premiers soins, je n’ai rien de très grave … retour au calme et au confort … c’est à ce moment là que ma conscience et mon corps s’unissent à nouveau … je ressens la joie … elle me surprends … je souris … ma maison c’est la joie … je ne sais pas si elle est dans mon corps ou dans ma conscience … mais aucun doute ma maison c’est la joie … je ne sais pas si j’aurais pu l’emporter avec moi … mais aucun doute ma maison c’est la joie.