Non classé

Automne, tristesse et dépression. (Partie 2/2)

Dans la vision yogique, la dépression est un appel de l’âme à apprendre à vivre pleinement l’émotion de tristesse. L’émotion (e-motion, « en mouvement » en anglais) est ce qui nous met en mouvement. Il ne s’agit donc pas de rester enlisé dans la tristesse mais de se laisser guider de la tristesse émotionnelle à une tristesse transcendante et purifiante.

Une émotion naturelle
A sa source la tristesse est une émotion naturelle qui émerge quand nous faisons l’expérience de la perte. Qu’il s’agisse d’une perte humaine, matérielle et même immatérielle, comme une illusion, une croyance, une fidélité.
Idéalement, il faudrait l’observer couler à travers nous, en surface, sans lui opposer d’obstacle. Alors elle nous traverse, nous informe et se transforme en une autre énergie.

Mais nous avons pris l’habitude de faire autrement. Nous cherchons à la nier, la retenir ou l’enfouir. Et comme nous faisons cela depuis notre enfance avec toutes les pertes que nous n’avons pas été en mesure de gérer, toutes ces rivières souterraines se sont regroupées en un énorme fleuve de mémoire dont chaque nouvelle perte vient grossir le flot. Cela fonctionne de manière très concrète avec l’ensemble de nos des connexions nerveuses et neuronales. Nous pouvons observer dans nos vies comme un petit événement peut déclencher une réaction disproportionnée. Disproportionnée dans son intensité mais également souvent déplacée dans sa nature. Car ce « fleuve » émotionnelle ne contient pas que de la tristesse mais bien un amalgame que toutes les émotions que nous avons refoulées. Alors la tristesse peut tout aussi bien déclencher de la colère, du dégout, un sentiment d’impuissance ou tout autre « cocktail Molotov » de notre composition !

Peut-être pouvez-vous ressentir dans votre corps, ou observer dans votre vie, comment un nouveau petit ruisseau peut faire déborder le fleuve !
J’ai tellement eu peur de ces débordements dans ma vie que j’ai suis arrivé à voir ce fleuve de réactivité émotionnelle comme un monstre.

Alors j’ai pris la précaution de nier, étouffer chaque émotion avant même qu’elle apparaisse. A la rendre muette afin d’éviter qu’elle ne réveille le monstre tapis à l’intérieur de moi ! Un monstre qui c’était nourri depuis l’enfance de toute mes souffrances et émotions refoulées. Un monstre que j’ai appelé « mon corps de souffrance » après la lecture de « Seul meurt la peur » de Barry Long (Version audio gratuite, réalisé par mes soins !, disponible ICI ) , un ouvrage aussi curieux que remarquable qui m’a aidé concrètement à sortir de ce cercle vicieux.

Une lecture qui m’a permis de réaliser que ce sont les histoires que nous nous racontons, bien plus que les pertes elles-mêmes qui entretiennent la tristesse et notre « corps de souffrance ». Cela allant jusqu’à entrainer des schémas auto-réalisateurs qui modèlent des situations futures qui nous font revivre encore et encore la perte, voir le rejet ou l’abandon.

Nous pouvons à partir de cette reconnaissance, aidé par la pratique de la méditation, discerner l’émotion naturelle de tristesse de celle accumulée et enfouis. L’une passagère nous traverse et se recycle dans le présent. L’autre nous immobilise, nous sommes comme enlisé dans le passé ou le futur. Un passé et un futur tellement vaste et multiple qu’il ne peut pas être réel, qu’il ne peut pas être le nôtre.

La tristesse transcendante
Réaliser cela ouvre la porte de ce que l’on peut appeler une « tristesse transcendante ». La tristesse transcendante commence par la réalisation que la souffrance et le chagrin sont universels, qu’ils arrivent dans la vie de chacun. En reconnaissant cela, nous pouvons nous éloigner de l’identification à la tristesse et commencer à travailler vraiment avec elle comme une énergie motrice.

J’aime l’appeler « transcendante » car elle m’a permis de m’élever, là ou la tristesse émotionnelle m’affaissait. Transcendante car elle m’a permis de créer, là ou la tristesse émotionnelle me poussait à répéter encore et encore les mêmes histoires.

Ce que j’appelle ici « tristesse transcendante » est l’expérience vécue de la première Noble Vérité du Bouddha : il y a de la souffrance.

Cette réalisation ressentie dans le corps permet de prendre de la hauteur. D’englober notre tristesse personnelle dans une réalité plus vaste.

Toute tristesse fait partie d’une tristesse humaine non personnelle que nous ressentons lorsque nous réalisons que rien ne dure, que les choses se réalisent rarement comme prévu et que le monde est d’une apparente injustice.

Depuis des siècles des yogis, des méditants et d’autres mystiques de tous bords décrivent avec leurs mots la même expérience. Rester en présence, en conscience, de notre tristesse de base, comme à la base de toute autre émotion, a un pouvoir libérateur et peut être un catalyseur pour une profonde ouverture spirituelle.

Frédéric Marr.

Le maître Bouddhiste Chögyam Trungpa, quand on lui demandait ce qu’il faisait quand il ressentait un profond mal-être, disait : « J’essaye de rester dedans le plus longtemps possible. »

Il ne s’agit de s’enliser ou de cultiver la souffrance mais de faire l’expérience qu’en se tenant calme digne et confortable dans son flot on pouvait s’en libérer.

Trungpa décrit dans ces enseignements une pratique tantrique qui consiste à rester en présence, même des fortes expériences douloureuses, et de travailler avec elles comme des énergies.

Cette approche est radicalement différente de ce que nous faisons habituellement. La plupart d’entre nous gérons superficiellement nos souffrances en les évitant ou en les rationalisant.

Combler par la nourriture, l’alcool ou autres drogues, se noyer dans le travail, le sport ou la procrastination numérique, sont des stratégies d’évitement. Nous utilisons n’importe quelle ressource extérieure pour produire quelques « hormones du bonheur ». Nous pouvons aussi rejeter la faute sur les autres, le monde ou sur nous-même, plutôt que d’accepter la réalité de la souffrance. Nous savons également trouver refuge dans une compréhension psychologique ou spirituelle qui légitime voir même valorise cette souffrance.

Tant que nous n’avons pas les ressources pour faire autrement, il est parfois nécessaire d’éviter. Nous pouvons voir cela comme un palier. Soit nous nous y installons, soit nous nous y ressourçons un temps avant de reprendre l’ascension !

Car la tristesse commence à révéler son véritable pouvoir de transformation lorsque que l’on désire sincèrement se débarrasser de nos stratégies d’évitement. Alors, en laissant se dissoudre les idées, les associations, les histoires que l’on échafaude à son sujet, nous nous ouvrons à un nouvel espace de perception et de compréhension. C’est un plongeon dans le présent, dans la sensation, qui ne laisse aucune place à la plainte, la nostalgie ou au romanesque. C’est une expérience directe de notre incarnation.

En pratique
Commençons par nous asseoir avec cette tristesse dans une posture digne et confortable. Laissons nous ressentir cette tristesse. Observez où elle se situe dans le corps. Sans rien changer à notre respiration, respirons dans la partie du corps où elle se situe, en laissant la sensation être. Restons avec elle pendant un moment. Ne cherchons pas à changer quoi que ce soit. Simplement ressentir, sans rien ajouter, sans rien retirer à ce qui est là.
Des prises de conscience, des informations à votre sujet, peuvent émerger. Quand cela arrive, notez-les simplement mentalement et revenez, autant de fois que nécessaire, à l’expérience physique immédiate.
Ce genre de travail intérieur demande un certain degré de courage, de volonté et d’entrainement à maintenir notre attention sur la sensation, a ressentir pleinement et sincèrement. Car ce n’est pas facile de faire face aux sentiments de blessure et de chagrin, notamment parce que nous avons tendance à nous identifier, à nous fondre avec ces sentiments.

Pour travailler avec les émotions fortes sans se laisser submerger, il est indispensable d’avoir une pratique qui nous permet de faire l’expérience qu’il y a quelque chose au-delà de notre « personnage de souffrance » qui s’identifie aux émotions. Ce sens plus large est souvent appelé « le témoin » ou « l’observateur », nous l’appellerons ici « l’être ». Depuis cet espace, je peux être présent, en paix, à ces émotions/sentiments sans les justifier, les juger ni les blâmer. Juste ressentir.

Pour la plupart d’entre nous, la rencontre avec «l’être » survient plus facilement en méditation. Il est même parfois nécessaire au préalable d’optimiser notre chimie corporelle, dans mon cas avec le kundalini yoga. Plus nous sommes capables de nous ancrer dans cet espace de « l’être », plus nous pouvons accueillir, accepter, et « surfer » les émotions qui émergent. Nous ne cherchons plus à nous mettre à l’abri de la tristesse mais à un endroit plus élevé qui englobe la tristesse dans un tout beaucoup plus vaste.

La tristesse à notre propre inertie
En travaillant sur la tristesse de cette façon, nous pouvons prendre conscience d’une autre couche de «tristesse transcendante » : une tristesse à notre propre inertie.

Le psychologue spirituel John Welwood appelle cela la « tristesse purifiante », ou la tristesse de l’âme, une reconnaissance directe selon lui du « prix que nous avons payé pour rester englués dans nos schémas étroits en nous détournant de notre plus large nature ».

« La tristesse purifiante » est l’une des plus puissantes motivations à la transformation, qu’il m’a été permis de toucher à ce jour.

En ressentant que ma profonde tristesse n’était pas liée aux histoires que je me racontais à son sujet mais bien à ma difficulté à vivre pleinement librement et joyeusement ma vie, c’est comme si l’énergie que gaspillait mon égo se remettais au service de mon âme.

Cela demande de s’engager à résister à l’envie de nous juger, de nous reprocher de ne pas être meilleur, plus conscient, ou plus compatissant. Lorsque nous nous permettons de ressentir cette « tristesse purifiante », nous nous ouvrons à notre propre aspiration à l’éveil, notre désir de vivre avec intégrité, d’abandonner notre « personnage de souffrance » et découvrir l’être unique que nous sommes vraiment, un être libre et puissant.

Il ne s’agit donc pas de s’installer dans la tristesse, même « transformante » ou « purifiante ». Mais de les considérer comme des courants, des énergies, que nous pouvons utiliser dans notre cheminement vers une façon de vivre notre vie avec un cœur ouvert. Lorsque nous apprenons l’art de laisser la tristesse nous amener jusque dans le cœur, ce que nous trouvons n’est pas de la tristesse mais de la tendresse, pas de la souffrance mais de la paix. L’autre face de la tristesse est quelque chose qui ressemble étrangement à l’amour !

Non classé

Automne, tristesse et dépression. (Partie 1/2) 

A chaque saison ses joies, il y a toujours quelque chose a transcender !

Ce matin la météo annonçait le passage d’une grande dépression et la baisse des températures !

D’un point de vue yogique l’automne est aussi la saison des poumons, de la tristesse et donc potentiellement de la dépression. Chaque saison est ainsi l’occasion de mettre de la conscience sur ce que nous traversons. Non pas avec fatalisme, comme si cela allait durer tout le temps, mais d’une manière plus légère et organique en réalisant que cela s’intègre au cycle du vivant et l’impertinence. 

De façon très pragmatique nous savons, comme le jardinier, que c’est en faisant ce qui est à faire à chaque saison que nous pourrons vivre la saison suivante avec le plus de sens et de perspective pour notre croissance et notre floraison !

Dans l’enseignement yogique de Yogi Bhajan, la dépression froide désigne l’état dans lequel nous mettent les conditions de vie actuelles, faites de surcharge d’information, de suractivité, et  d’un manque cruel de temps pour soi-même et pour nos proches.

La demande extérieure est si intense que la réponse intérieure ne peut pas suivre. 

« Froide », car on ne s’aperçoit pas que l’on glisse peu à peu du stress à la dépression. 

Si on continue ses activités qui nous font souffrir ce n’est pas uniquement parce que nous ne savons ou ne pouvons faire autrement. C’est également une manière de fuir une douleur plus profonde, une douleur qui nous effraie d’autant plus que nous ne la connaissons généralement pas encore : la séparation avec notre être intérieur. 

Les yogis l’appellent « le silence de l’âme ». La séparation, l’anxiété, la perte de sens sont là, mais elles ne sont pas encore ressenties consciemment. 

Nous fuyons dans les faux espoirs, les leurres ou les fantasmes. Tout ce qui peut nous procurer un faux sentiment de complétude : le travail excessif, les sports extrêmes, les stimulants, les drogues, les dépendances affectives, … Tout ce qui nous permet de mettre un voile sur notre intimité. L’intimité étant ce qui touche à l’essence de notre être profond. 

La dépression est ainsi le signe que nous nous sommes trop éloigné de nos besoins et de notre vérité. La dépression nous rappelle notre besoin d’exister et nous invite à reprendre le chemin de nous-même. Nous pouvons alors, bien sur pratiquer le yoga et la méditation, mais de façon plus générale, toute activité qui permet de retrouver une connexion, vrai et sincère, à notre intériorité. Depuis cet espace nous recevons des informations qui nous guident, de manière non mentale, à faire des choix de vie plus en accord avec notre âme. 

A une époque de ma vie ou mon automne intérieure durait parfois 9 mois de l’année ! j’en suis arrivé à me demander pourquoi je me complaisais autant dans la tristesse ? Avec ma bande de copains nous étions très créatifs à nous distraire mais je préférais parfois me retrouver seul avec le romantisme, la nostalgie, voir la lamentation. Je préférais ressentir le manque, ou pleuré une disparition que de me distraire. 

Je trouvais dans ce silence et cette profondeur une sensation de vivre plus authentique que dans l’intensité et le fanfaronnage que je partageais avec les copains. Je comprend maintenant qu’en fait cela ressemblait à l’amour. Un amour triste et romantique, un amour contrarié, mais au moins de l’amour. Après avoir bien touché le fond, je pouvais rejoindre mes copains et manifester une joie sans précédent, comme rien de c’était passé avant. Comme si la tristesse et la joie avant la même source ! 

Je comprends aujourd’hui, que comme beaucoup d’enfants qui se sont construit dans la solitude, j’avais amalgamé la tristesse à l’amour. 

La tristesse est une émotion « marécageuse ». Comme une balade avec seulement des accords mineurs, la tristesse fait tourner en boucle une mélodie mortifère. Rythmé par l’apitoiement sur soi-même et des histoires de victimisation, des notes sombres de désespoir, des tons noirs de désespérance, des double-croches de relations impossibles, des temps morts avec nos chers disparus.

Si on la laisse se nourrir d’elle-même, la tristesse peut se transformer en dépression et désorganise immanquablement à la fois notre vie, notre chimie et notre santé. D’autant plus quand elle est associée à la drogue, l’alcool, les médicaments ou tout simplement une vie qui ne respecte plus les lois élémentaires du vivant. 

Paradoxalement quand la tristesse est ressentie pleinement elle montre autre visage, elle nous ouvre la porte de ce que Pema Chödrön appelle « le courage au coeur tendre ». Qu’elle évoque en particulier dans son livre « confiance inconditionnelle », qui a été pour moi une ressource précieuses quand j’ai traversé un grand marécage de tristesse. (Disponible en version audio gratuite ICI

Elle indique une issue vers un état de résilience, chargé de compassion et de tendresse qui permet d’«Entrer à nouveau en amitié avec soi-même » (Qui est également le titre d’un autre de ces livres). 

La tristesse est là pour être vécu. Elle contient une énergie qui demande à être libérée, à travers les larmes en particulier. Je pense parfois même à travers les poumons, la gorge et le son. Je me souviens avoir passé une nuit à hurler comme un louveteau seul, abandonné par la meute, incapable de continuer à vivre dans un environnement glacé et hostile. Hurler ? Peut-être faute d’avoir pu nommer et verbaliser.

Quand j’ai tout pleuré, je ne lutte plus pour que les choses soient autrement et peux m’ouvrir à un autre espace. Je peux ressentir plus en subtilité, au delà du voile émotionnel, ce qui est vraiment là pour moi. Je peux revenir à la maison, dans cet espace intérieur paisible et tranquille qui a toujours été là et sera toujours là. D’ici je peux ressentir ma tristesse juste pour ce qu’elle est, une énergie qui me traverse et souhaite initier un mouvement. Il ne s’agit donc pas de me résigner mais de faire une pause, prendre de la hauteur et m’ouvrir à un nouveau champ de perception et de compréhension. 

De la même façon que la colère peut être un pont vers la force et la peur vers le désir, la tristesse peut engendrer l’humilité, la compassion, une douce joie du cœur et d’autres états d’être profonds et élevés qui sont de précieuses ressources.  

Cela fait écho à un point fondamental de la tradition tantrique : la compréhension que les sentiments inconfortables (peur, avidité, colère, ainsi que la tristesse), qui agissent tels des poisons dans le corps et l’esprit, peuvent devenir les alliés de notre libération. Leur capacité à tirer vers le bas nous permet, à travers la transcendance, de nous  élever au-dessus de notre façon ordinaire de voir, d’être et d’agir dans le monde. 

La tradition tantrique considère tout ce qui existe comme étant constitué d’énergie créatrice divine, une vision radicalement non-duelle qui peut nous aider à reconnaître le pouvoir caché qui émerge lorsque nous abordons de façon constructive ces états généralement considérés comme négatifs. Un aphorisme tantrique dit : « Ce par quoi tu tombes est ce par quoi tu t’élèves ». 

Cette façon de travailler avec la tristesse n’est pas facile, mais je n’en connais pas de meilleure ! C’est un peu comme le surf. Pour réussir, nous devons nos accorder à la fois aux courants, à la houle et au vent. Nous devons accepter d’être emporté par un rouleau et de manger du sable ! Nous devons rester attentif aux qualités du surf, de nos cuisses et de l’état de la mer. Nous restons engagé et nous abandonnons à la pratique. Nous sommes sans attente et sortons du temps. 

Et quand enfin les conditions sont réunies, que nous sommes redressés, nous goutons à une joie  profonde, celle de nous être retrouvés intimement et d’avoir abonné un conditionnement, un attachement ou un fantasme qui nous limitait. 

(2e partie à venir prochainement) 

Frédéric Marr

Non classé

Stress et anxiété, sont nos alliés !

Si vous n’avez jamais ressenti ni stress ni anxiété, continuez à vivre pleinement votre vie.

Pour les autres, nous pouvons, à l’instar de cette participante au dernier cours, nous interroger :  « Après la pratique je me sens sereine, légère, joyeuse. Cela dure même parfois plusieurs jours, puis d’abord le stress et ensuite l’anxiété m’envahissent à nouveau me pourrissent la vie. Je me demande si je suis doit me résigner à faire les montagnes russes ou s’il est possible de s’en débarrasser ? »

La bonne nouvelle c’est que ni le stress ni l’anxiété ne sont des fatalités.
Et je ne parle pas, comme cela est très répandu, de nous enfermer dans une camisole chimique !

Je vous invite ici à faire l’expérience de les considérer, comme je les ressens depuis quelques années, à la fois comme les pires des poisons et comme de précieux alliés !

Car le stress et l’anxiété nous indiquent la route pour nous en libérer et l’autre bonne nouvelle c’est que c’est la même que notre plein potentiel !

Il ne s’agit donc pas de s’en couper ou de s’en débarrasser mais bien de les accepter puis les écouter. Ils nous guident, de manière paradoxale, en nous faisant souffrir, vers notre réalisation. Quand nous sommes à nouveau au bon endroit le stress disparaît. Quand nous sommes dans la bonne direction l’anxiété s’évapore.

J’ai longtemps été à la fois stressé en anxieux. J’ai même, comme beaucoup d’hommes valorisé comme une force ma capacité à faire face au stress (voir à en infliger aux autres !). L’anxiété, elle, je la cachais de manière presque honteuse comme une faiblesse, une tare congénitale. D’une certaine manière tout allait bien. Tout le monde faisait pareil. Alors moi aussi je prenais sur moi, je minimisais et me coupais de ces souffrances, grâce à de nombreuses distractions, compensations et additions.

Le burn-out, la maladie, la perte de sens qui en ont découlé, m’ont permis de réaliser qu’au-delà de gâcher notre quotidien et de mettre notre santé en danger, le stress et l’anxiété, nous empêche de vivre pleinement notre vie.

Le stress est une réaction de l’organisme à ce qui est, ou ce qu’il considère comme, une agression, un choc physique ou psychique. On peut généralement facilement établir une relation de cause à effet entre le fait d’être stressé et ce qui nous stress.

L’anxiété est une sensation de malaise voire de danger lié au fait d’anticiper de façon négative, souvent inconsciemment, des évènements qui pourraient survenir dans le futur. Il est plus difficile de ressentir, comprendre, reconnaître la causalité.

Le stress et l’anxiété sont intimement liés
Le stress qui s’installe dans le temps créé de l’inconfort et l’anxiété. L’anxiété nous emmène à nous stresser encore plus. Dans l’inconfort nous créons de plus en plus de source concrète d’anxiété ! Et alimentons nos peurs, que l’on en soit conscient ou pas.
Ce cercle vicieux « stress-inconfort-anxiété-peur-stress-inconfort-anxiété » conduit généralement de manière inconsciente à envisager « notre pire cauchemar » au sujet de notre vie affective, amoureuse, familiale, professionnelle ou de notre santé.

C’est là que se trouve à mon sens la vraie motivation pour considérer sérieusement ce poison. Tant je minimise je trouve des solutions pour ne plus ressentir, ne serait-ce que temporairement le stress et l’anxiété. Pour ne plus qu’ils m’empoisonnent il me fallait être intimement être satisfait, si ce n’est de ma vie, de la direction qu’elle prenait.

Si un vieil adage dit que « la peur n’évite pas le danger » des recherches en neurosciences et en physique quantique prouvent même que « la peur provoque le danger » car nos pensées et nos états émotionnels créent notre réalité.

Pour retrouver la maitrise de mon chemin j’ai dû prendre la pleine responsabilité de ce stress et de cette anxiété. C’est-à-dire arrêter d’en tenir comme responsable les autres, mon environnement ou la société. Me focaliser sur la manière dont à l’intérieur de moi je créais et entretenais ce stress et cette anxiété. Tant que je me plaints je suis impuissant. En prenant la responsabilité je reprends le pouvoir, c’est-à-dire le droit, la permission, la possibilité de changer cette situation.

J’ai alors commencé à me voir comme un ballon. Ma responsabilité c’est d’avoir assez de ressource, de densité à l’intérieur pour ne pas subir la pression, le stress, de mon environnement. Ne pas me laisser écraser, garder ma forme et mon intégrité. Et naturellement quand la pression est trop forte le ballon change de place !

Le stress m’informe sur ce que je vis concrètement au présent, dans mon environnement immédiat. Il m’indique que je n’ai pas les ressources intérieures pour vivre cela ou que je ne suis pas au bon endroit. Ma responsabilité c’est d’obtenir ou créer ces ressources ou de changer d’endroit !

Car si je reste coincé sous pression, je ne peux envisager l’avenir qu’à travers la souffrance et le danger, je crée alors inévitablement de l’anxiété.

Le stress m’informe au présent que je ne prends pas bien soin de moi à cet instant.
L’anxiété m’indique que la dynamique dans laquelle je suis engagé dans ma vie ne respecte pas mes besoins fondamentaux.

Le stress me demande de renforcer mon ancrage pour habiter pleinement mon présent, pour créer l’harmonie, sur un plan vertical, entre les conditions extérieures et mes ressources intérieures.

L’anxiété m’invite à l’élévation pour sentir ce que je veux vraiment dans ma vie, pour aligner sur un plan horizontal, ce que je vis avec ce quoi j’aspire. En me focalisant sur, la seule chose qui ne dépend que de moi, ma vie intérieure.

Cela n’est pas immédiat, c’est un processus parfois long et toujours impliquant.

Dans les ressources qui ont compté pour moi il y a bien sûr le yoga et la médiation mais pour déloger la racine le programme MBSR et le WORK ont été également très précieux.

Il ne s’agit pas de se débarrasser temporairement de la sensation du stress et de l’anxiété. Ils reviennent généralement encore plus fort. Si je n’ai pas écouté ce qu’ils avaient à me dire mon environnement c’est généralement dégradé et génère encore plus de stress et d’anxiété. Plus je vis l’inconfort au quotidien, pus j’envisage l’avenir à travers mes peurs.

Il s’agit d’écouter, accueillir accepter sincèrement ce qu’ils me disent. Puis m’engager concrètement : à trouver des ressources intérieures, pour créer un quotidien confortable; à trouver l’inspiration pour poser des actes qui m’engagent à retrouver du confort intérieur, à prendre en compte mes besoins fondamentaux.

Alors on découvre que le stress peut être bon, quand il nous stimule à dépasser nos limites, à sortir de notre zone de d’inconfort, à mettre en harmonie notre intimité avec le monde extérieur. L’anxiété devient douce et passagère quand elle nous invite à nous élever et grâce à notre intuition nous permettre de réajuster le cap de notre vie.

L’alchimiste Paracelse a dit « Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison. » Dans le cas du stress et de l’anxiété on pourrait dire que c’est la manière dont nous les considérons ou pas, qui en font des poisons ou des alliés !

Entrer en amitié avec la mort. Non classé

Entrer en amitié avec la mort.

En gardant la mort dans ma conscience, comme : l’une des plus grande aventure qui me sera permis de vivre; en la regardant simplement pour ce qu’elle est au niveau terrestre : une des phases du cycle permanent de naissance, vie, mort et renaissance, j’imprègne mon quotidien d’uns richesse supplémentaire, et d’une énergie qui serait autrement gaspillée dans la peur et le déni.

Il y a quelques années j’ai décidé d’entrer en amitié avec la mort. Pour la mienne cela fut facile, avec celle de mes proches, je m’en approche !

Alors que, comme un crabe, la mort tournait autour de moi, cette posture d’amitié, m’a permis d’abord de passer de la peur à la curiosité.

Quel est donc ce grand mystère qui m’effraie autant ?

En faisant défiler ma vie, la mort m’a fait remarquer : qu’elle n’était pas son opposé mais bien son alliée; « Mon opposé c’est la naissance, pas la vie. »: qu’il convenait d’adopter face à la mort, la même posture que nous avions vis-à-vis de la naissance, une acceptation pleine et complète. De la même manière que je n’avais pas discuté ma naissance, je ne discuterais plus ma mort !

Comme j’aimais alors encore beaucoup discuter, je me suis retourné vers la vie. « Si ce n’est pas la mort, quel est ton opposé ? »

Elle n’a pas répondu alors j’ai cherché ! Avant de trouver une réponse satisfaisante à cette question, j’ai observé que le simple fait de me la poser me permettait de passer de la peur de la mort au désir d’exister.

« C’est quoi ma vie ? Certainement pas la peur, le déni, la fuite, la gravité, la solitude et le labeur que je vis aujourd’hui. » Pour me sentir vivant il me fallait retrouver ma joie d’enfant. C’est elle qui me guiderait vers MA vie.

Encore aujourd’hui quand j’oublie cela, mon amie la mort me rappelle, qu’avant de plonger dans son mystère à elle, c’est celui de la vérité de la vie qu’il m’est proposé d’explorer. Merci mon amie.

Cependant, il m’est encore difficile d’entrer en amitié avec la mort de mes proches. Pas de tous, juste de certains même si je les aime autant ! Avant de comprendre cette différence curieuse, je la trouvais curieuse, presque honteuse.

Dans « Aimer à l’infini », Denis Marquet, a développé l’idée que – sous certaines conditions – tristesse et joie pouvaient très bien co-habiter après le deuil d’un être cher.

« Quand on perd un être cher, on perd un être unique. Au moment précis de sa disparition, il est souvent difficile de réaliser à quel point l’être perdu était unique. La relation d’être unique à être unique peut en effet être empêchée pour de multiples raisons : trop d’attentes, d’ego, de système de défense, de personnalité conditionnée. Mais quand l’unicité de l’être disparu nous apparaît pleinement, vient le regret de ne pas l’avoir assez perçue, de ne pas s’en être assez émerveillé. Cette expérience du deuil recèle pourtant quelque chose de positif. Le deuil est là pour nous rappeler l’unique. Il est là pour nous rappeler que chaque moment est unique, mais aussi que chaque être est unique. (…)  »

Cette lecture m’a permis de comprendre que le sentiment de joie et de lien que j’avais en pensant à certains défunts, était lié au fait que nous avions partagé, de leur vivant, notre vérité, notre intimité et que d’une certaine manière, nous avions fait le tour, l’un de l’autre !

Si je ressens le manque et la tristesse en pensant à d’autres « chers disparus », il est clair maintenant que c’est de ne pas les avoir vraiment rencontré, dans leur intimité, leur vérité, dans ce qu’ils avaient d’unique. Qui était-il ? De quoi était-elle faite ? Je peux maintenant comprendre pourquoi je ressens ce sentiment de tristesse et de manque pour des êtres chers encore vivant.

Mon amie la mort me dis que, je si ne veux pas ressentir sa morsure, je dois rencontrer l’autre dans ce qu’il a d’unique. « Mais comment faire cela ? La plupart du temps on arrive à peine à se parler vraiment, a partager l’intime, le vrai. Elle garde son masque. Il se cache derrière des banalités. »

Pas facile. Alors je peux fuir cette réalité, entrer dans le dénis, tourner le dos, mettre un voile sur le fait qu’il ou elle va mourir, qu’un jour c’est moi qui ferais face ce mystère.

J’ai fait ce choix pendant des années. Je me suis anesthésié pour ne pas ressentir la mor(t)sure. Heureusement la douleur à été plus forte et m’a guidé vers un cercle vertueux : « l’autre c’est moi ».

Partir d’abord et avant tout à la découverte de l’être unique que je suis. Vivre pleinement et sincèrement ma vie, du mieux que je peux.

En vivant et partageant ma vérité, je m’offre la possibilité de rencontrer l’autre dans ce qu’il a d’unique. J’offre à l’autre la possibilité de dévoiler l’être unique qu’il est. Nous entrons dans un cercle vertueux. Et plus nous sommes nombreux à faire cela plus la joie l’emporte sur la souffrance et la tristesse, le sentiment de lien et d’unité sur le manque et la solitude.

Entrer en amitié avec la mort c’est d’abord entrer en amitié avec moi-même, pour accepter de vivre, du mieux que je peux, ma vérité. Partager, à chaque fois que cela est possible, la vérité avec les autres. En particulier ceux qui me sont chers et dont je pourrais appréhender la perte.