La seconde précieuse !
Vous arrive t-il de faire ou dire des choses et de les regretter ensuite ? De ne pas avoir dit ou fait quelque chose et de vous en vouloir après ? Des moments où vous vous emportez ? ou vous fuyez ? Vous figez sur place ? … en vous disant ensuite « j’aurais aimé agir autrement ». Alors cette seconde précieuse est vraiment précieuse !
Pourtant, même quand cela est récurrent, insatisfaisant, nous ne parvenons pas à réagir autrement. Pourquoi ?
Car dans ces moments-là, nous ne sommes en fait simplement pas là, nous ne sommes pas présents. C’est notre « pilote automatique » qui a pris le contrôle.
Hors, le pilote automatique est par nature programmé à reproduire. Il réagit à la situation en copiant le passé. Il n’est pas en capacité d’innover. Selon notre histoire, nous allons, sous stress, automatiquement combattre, fuir ou nous figer (Le Frezze, fight, flight de Walter Bradford).
Et généralement, après ces réactions automatiques qui nous emprisonnent dans l’insatisfaction et une mauvaise image de nous-même, nous trouvons refuge dans nos addictions.
La compréhension du pourquoi je réagis ainsi n’est pas suffisante (et parfois même pas nécessaire ! ) pour agir autrement.
Comment je réagis ainsi ? Et comment je peux agir autrement ? Sont les questions cette libration. Car il s’agit bien de se libérer. Si on considère souvent la liberté comme la capacité à faire ce que l’on veut, cette liberté est souvent entravée par notre faculté à répéter des choses que nous ne souhaitons plus !
Comment je réagis ainsi ?
Les personnes conscientes de leur réactivité décrivent une grande agitation et confusion intérieure. Par la pleine conscience nous pouvons décortiquer ce processus. Nous observons qu’il s’agit d’une boucle de sensations-pensées-émotions associée à des croyances et peurs. La boucle s’accélère, les sensations et justifications mentales deviennent de plus en plus fortes, alors on va réagir pour sortir de cet état et se donner raison de penser ce que l’on pense !
Comment je peux agir autrement ? En n’agissant pas ainsi !
Cela demande une décision de notre part. Pour prendre cette décision, nous devons être présents au plus tard juste avant qu’il ne soit trop tard. Ce moment précis est la « seconde précieuse ». Nous faisons alors le choix délibéré de rester présents à nous-mêmes plutôt que de basculer en mode « pilote automatique ».
On peut au début avoir l’impression de ne rien faire, de fuir la situation. Il n’en est rien. En ne réagissant pas et en revenant à votre réalité intérieure, vous ouvrez à nouvel espace de possibilité et d’intuition.
EN PRATIQUE
1/ Je remarque que je suis pris dans un tourbillon de « sensation-pensée-émotion », je sens que mon mode pilote automatique est sur le point de prendre le contrôle : J’inspire pour honorer cette seconde précieuse.
2 / Plutôt que de réagir à la situation : j’expire pour remercier cette seconde précieuse.
3 / Si c’est possible (sinon je passe directement à l’étape 4 ), je prends une pause précieuse pour ressentir ou cela se passe dans mon corps, quelles sensations puis quelles émotions sont là. Ensuite, je prends un temps pour observer mes pensées. Et je refais cette boucle, dans un sens ou dans l’autre mais toujours en séparant bien chaque étape. Imaginez que nous puissions isoler le vent, de l’eau et de la pression atmosphérique, la tornade ne se produit pas.
4/ J’agis en conscience, du mieux que je peux.
Nous pouvons nous sentir seuls, impuissants, sans notre pilote automatique. Ne pas savoir quoi faire. Dans un premier temps, nous devons apprendre à être avec ce qui est là, en nous, et résister à la tentation de laisser la place au pilote automatique. Il sera tenté de le faire et nous serons même parfois tentés de le laisser faire !
Ensuite, nous sommes progressivement guidés à agir d’une manière que nous ne pouvions pas envisager avant.
Au lieu d’être réactif, nous devenons créatifs… Plutôt que la fuite, nous essayons la fermeté ou la tendresse ? A la place de la colère nous l’humour ? Plutôt que la peur, nous choisissons la patience, l’amour.
C’est simple… et pas facile !
Car nos conditionnements viennent de loin et nous les avons bien nourris pendant des années, par nos pensées, nos émotions, nos comportements répétitifs, nos addictions.
On s’est tellement identifié à ce personnage réactif que nous avons parfois du mal à le laisser de côté… et découvrir qui nous sommes vraiment au présent.
Pas d’autre chemin que d’oser expérimenter, oser tâtonner en conscience.
La durée d’une pause précieuse est propre à chacun et à chaque situation. Une simple respiration peut suffire, parfois il nous faudra une pratique plus longue et engageante. Cela dépend également beaucoup de l’état de nos peurs et croyances limitantes sur lesquelles nous pouvons avoir besoin d’un accompagnement spécifique.
Quel que soit sa durée, c’est un espace précieux de déconditionnement car nous créons de nouvelles connexions nerveuses et neuronales.
Et même si le pilote automatique se remet en route, j’observerais au fil de ces pauses conscientes répétées, que le fait d’honorer et remercier ma présence à travers la seconde précieuse me guide vers plus de conscience, de confiance et de liberté.