Les voyages forment la … sagesse !

Alors que je rentre de voyage et redonne mon premier cours de yoga avant même de défaire ma valise je réalise que c’est justement en voyage que j’ai commencé mon voyage intérieur.
Si « les voyages forment la jeunesse » comme l’a dit Montaigne pour souligner la façon positive dont ils transforment celui ou celle qui voyage … il ne fait pas de doute que certains voyagent forment également la sagesse.

Quand j’ai commencé à méditer, lors d’un voyage dans une métropole du sud-est asiatique, j’ai immédiatement fait un parallèle entre mes explorations pédestres dans ce labyrinthe urbain et la contemplation assise et silencieuse des dédales de mon esprit.

Notre pratique du Kundalini Yoga comporte des moments méditation silencieuse qui permettent de se connecter avec notre état d’être intérieur. Notre état intérieur est complexe, comporte de nombreux niveaux et est en constante évolution. Le simple fait de faire régulièrement l’expérience de cette « impermanence », c’est-à-dire d’observer que notre état intérieur change même si rien ne change à l’extérieur, nous ouvre à plus de stabilité et de confiance.

Lorsque nous commençons notre voyage intérieur, notre première rencontre se fait avec nos pensées banales : sur ce que nous devons ou venons de faire, nos réalisations ou nos projets pour la journée, nos jugements et commentaires sur ce que nous faisons en ce moment même.

Mais la méditation est l’outil parfait pour entrer en contact, au-delà du flux des pensées banales qui souvent nous agitent et nous encombrent, avec ce qui se passe plus en profondeur et d’une certaine manière nous structure. C’est comme passer derrière les étales des marchés, au-delà des lampions des vitrines, qui accaparent notre attention pour découvrir juste derrière une multitude de stock, d’ateliers et d’artisans.

Une des choses que j’ai observées lors de ces voyages, c’est qu’il se passe beaucoup de choses et qu’elles semblent souvent contradictoires. Derrière une façade clinquante et sophistiquée se trouve souvent un atelier très simple et sombre. À deux pas d’une artère encombrée et bruyante on peut trouver un havre de paix et de verdure. Je peux me sentir heureux et triste en même temps. Je peux accéder simultanément à des sentiments de colère et de détachement. Tout est là au même endroit au même instant. Je remarque que j’ai peur et même temps que je suis excité. En continuant mon voyage par une immersion dans la nature j’ai constaté qu’ici c’était pareil. Qu’il suffisait de déplacer une écorce ou quelques feuilles en apparence mortes pour qu’apparaisse un monde grouillant de vie et en gâtant un peu plus retrouver un calme, au moins apparent.
Derrière le rideau figé de mon anxiété se trouve une paix vaillante. Sous une couche de peur glaçante se trouvait toujours un désir ardent. J’ai tiré plusieurs conclusions très simples de tout cela.

C’est ainsi que c’est en moi comme partout autour de moi et ou que je me trouve. Je ne suis donc pas différent, ni inadapté aux gens et aux choses qui m’entourent. Des réalités qui semblent opposées, voire contradictoires, existent simultanément. Tout cela est, même si je ne comprends pas comment, intimement lié.

J’ai le choix, à chaque instant, d’accorder mon attention à l’une ou l’autre de ces réalités intérieures. C’est aussi simple que de diriger mes pas dans une ville et mon regard dans la nature.

Il est pourtant parfois difficile de faire ces choix. S’engager dans une ruelle aux allures de coupe gorge, soulever un écorce ou se cache peut-être de petites bébêtes improbables. Ce que m’a appris de plus essentiel la ville, la nature comme la méditation est que maintenir notre regard change inévitablement notre vision.

Dans la ruelle, ces regards qui me semblaient hostiles en fait me sourient. Cette petite bête qui me dégoutait a attisé ma curiosité puis même ma sympathie. Assis depuis vingt minutes face à cette peur qui me crispait je la sens maintenant qui se détend en tendresse. Immobile à contempler sérieusement mon agacement, je suis gagné par un élan de légèreté et commence à rire de moi-même.

Je vois désormais les voyages « terrestre » et « intérieur » comme des processus de prise de décision sur où je pose le pas d’après ? Où je décide de m’arrêter ? Où est mon attention ? Où je décide de dé »placer mon attention ? Un pas pour expérimenter, pour découvrir ou pour me tester ? et peut-être oser aussi les pas les plus audacieux ceux qui me rendent plus stable, confiant, paisible et authentique !

Après des années de pratique je constante à quel point les voyages « terrestre » et « intérieurs » se ressemble et se complète. L’un nous aide à apprendre et à s’ouvrir au monde, l’autre à s’ouvrir à soi et se comprendre. L’un comme l’autre forment à tout âge, au-delà de la jeunesse, l’agilité et la sagesse.

Bon voyages !

Frédéric Marr.

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