Pourquoi entre hommes ?

Alors que la tendance actuelle semble être à la mixité, voire au non-genre, on observe une recrudescence de propositions à explorer les chemins de transformation corps-conscience entre femmes et entre hommes. Dans ce domaine, les femmes ont clairement ouvert la voie aux hommes. Cercles de femmes, retraites de yoga au féminin, tantra femme, ont progressivement été déclinés au masculin.

« Pourquoi entre hommes ? » Est la première question que l’on entend en abordant l’existence de ces propositions. Les hommes ne commencent pas par se demander ce qui va s’y passer ou ce que cela pourrait leur apporter de plus que dans la mixité. Ils veulent d’abord savoir « pourquoi entre nous ? » Ou comprendre « pourquoi sans femmes ? ». Cette curiosité est souvent empreinte de scepticisme, de crainte voire de suspicion. Pourtant il suffit d’avoir participé une seule fois à un cercle d’hommes, un cours de yoga ou de tantra au masculin pour réaliser que c’est un moyen habile sur notre chemin de transformation, de réalisation et de libération. Dans le bouddhisme « moyen habile » désigne la capacité de choisir le meilleur moyen, aussi curieux soit-il, de guider les êtres en fonction de leurs besoins et possibilités propres… à un moment donné. Car il ne s’agit pas de rester éternellement entre hommes. Ces propositions visent au contraire à revenir à la mixité avec encore plus d’authenticité, d’autonomie et de légèreté.

Alors comment
cela fonctionne ? À cheminer entre hommes , quelles en sont les vertus ? Au-delà de ma propre expérience, j’ai posé cette question à d’autres hommes qui accompagnent les hommes entre hommes. En voici une synthèse. Il s’agit d’abord de renouer avec une mémoire millénaire qui est en nous, celle des temps de fraternité et des rites entre hommes. Nous les avons délaissés, oubliés voire rejetés et pourtant nos cellules, notre humanité, en ont besoin. Nous sommes des hommes qui ont été blessés par les hommes. Nous sommes des hommes qui ont blessé des hommes. Partager dans la sécurité et la conscience une fraternité sincère, joyeuse et décomplexée est déjà en soi une guérison. D’autre part, nous avons inévitablement développé avec le féminin des jeux de séduction, de domination, de dépendance.

Par l’expérience de la séparation, nous pouvons ressentir autrement ces attachements et dépendances. Par la connexion à une diversité d’hommes nous pouvons plus facilement retrouver notre sensibilité et notre puissance, assumer et harmoniser nos polarités masculines et féminines… renouer à la fois avec les ressources de notre genre et avec notre authenticité. Et puis très concrètement, on observe que les hommes se sentent entre eux plus libres et légers pour aborder des domaines dans lesquelles les femmes les surpassent souvent : la souplesse, la présence, la capacité à ressentir, à partager. Nous ne sommes pas, ni physiologiquement ni psychiquement, construits de la même manière. L’accepter et en tenir compte est une évidence que toutes les sociétés tribales avaient comprise et avec laquelle il appartient à chacun aujourd’hui de renouer ou pas !

Frédéric Marr

Pour aller plus loin
www.fredmarr.com – marrfred@icloud.com

  • atelier a Toulon et intégrants.
  • Le podcast « Les hommes de joie » :
    https://shows.acast.com/les-hommes-de-joie
  • Le Festival du Chamanisme au masculin
    Du 4 au 6 octobre 2024 en Ardèche
    http://grainesdechamane.com
  • True Man. Retraite intinérante
    du 6 au 10 août dans le Tièves-Vercors
    https://www.amritnam.com/fr/

Paru dans LE JOURNAL DU YOGA n°255 • 9 03/2024

DANS LA JOIE DE L’APPRENTIS*SAGE

Il existe un espace délicieux où le sage et le novice se retrouvent.
À cet endroit, la sagesse du novice se révèle,
le sage y retrouve toute sa fraicheur.

Vous connaissez bien ce lieu singulier.
Il ne fait aucun doute que vous l’avez déjà pleinement apprécié.
Mais savez-vous le nommer ?

Hors du temps et de l’espace, il nous procure la sensation d’être pleinement vivant.
Consciemment ou sans le savoir nous aspirons tous à le retrouver.
Il n’est indiqué sur aucune carte … car il est partout avec nous !

Il se manifeste spontanément quand nous sommes en voyage,
Quand nous pratiquons notre art ou notre sport favoris,
particulièrement dans nos moments « d’apprentis-sage » !

Quand nous en sommes conscients, nous pouvons le manifester à tout moment,
Alors le sage et le novice en nous ne font plus qu’un et s’enseignent mutuellement,
nous l’appelons « l’esprit du débutant ».

L’esprit du débutant c’est le frisson du premier regard,
du premier goût, du premier touché,
c’est l’attitude de l’amoureux de la vie.

C’est le fondement de notre yoga dans son ouverture à l’inconnu de l’instant présent,
Le débutant est empli de joie alors que son opposé, l’expert, a peur d’être remis en cause dans son savoir et a peur de se tromper.

Le débutant est ouvert à l’apprentissage (il tombe et se relève), à la découverte (il ne sait pas encore alors il apprend), à l’expérience vécue (il la ressent plus qu’il ne la pense), bref, il est vivant.

Dans notre pratique du Kundalini yoga nous cultivons cet esprit sur notre tapis et l’observons progressivement se manifester dans tous les plans de notre vie.

Dans la joie de l’appentis*sage !

Kriya ?

Kriya ? Kriya ?

Souvent pendant ou après un cours on me demande c’est quoi Kriya ?

Non ce n’est pas une erreur de conjugaison du verbe crier dans le cas d’un pratiquant découragé par une posture .

Par manque de temps je répond « cela veut dire enchainement, série de pratiques. Ce n’est pas faux mais très très limité comme réponse … alors voici une explication plus académique mais surtout, je l’espère plus inspirante pour vous engager dans une pratique régulière


Les kriyas, plongée au coeur du Kundalini Yoga.
Le Kundalini Yoga offre un chemin vers plus de conscience. Au cœur de la pratique se trouvent les « kriyas », des séries dynamiques d’exercices physiques, de respirations rythmées et de méditations, conçues pour éveiller la puissance latente de la Kundalini.

Qu’est-ce qu’un Kriya ?
Les kriyas sont des ensembles spécifiques d’actions, faits pour activer le flux d’énergie dans le corps et éveiller la Kundalini, une énergie endormie telle un serpent à la base de la colonne vertébrale. Chaque kriya est soigneusement élaboré pour cibler toutes les parties de nous, que ce soit physique, mental ou spirituel.


La Puissance de la Respiration
Le Kundalini Yoga met un fort accent sur la respiration consciente. Les kriyas intègrent des techniques respiratoires spécifiques, telles que la respiration de feu (Agni pranayam) et la respiration alternée (Nadi shodhana), pour purifier le système nerveux, accroître la vitalité et éveiller la Kundalini.

Mouvement, Son et Méditation
Les kriyas incorporent également des mouvements physiques dynamiques et des mantras. Ces éléments travaillent de concert pour libérer les blocages énergétiques, stimuler la circulation et élever la fréquence vibratoire. Les séances de méditation qui suivent les kriyas permettent d’intégrer les énergies libérées et d’approfondir la connexion avec soi-même.

Bienfaits des Kriyas dans la Vie Quotidienne
La pratique régulière des kriyas du Kundalini Yoga apporte de nombreux bienfaits, tant sur le plan physique que mental. Elle renforce le système immunitaire, améliore la concentration, réduit le stress et éveille la créativité. Les kriyas sont accessibles à tou·tes, quel que soit le niveau de forme physique, et peuvent être adaptés pour répondre aux besoins individuels.

Les kriyas du Kundalini Yoga sont bien plus qu’une série d’exercices physiques ; ils constituent une voie directe vers l’éveil de la conscience et la transformation personnelle.
En intégrant ces pratiques dans votre routine quotidienne, vous pouvez libérer l’énergie dormante de la Kundalini, découvrant ainsi une source infinie de vitalité, de conscience et de joie de vivre. 

Frédéric Marr.

Yoga : gymnastique ou méditation ?

Le yoga, vu de l’extérieur et en particulier le Kundalini Yoga, qui inclut des séquences très dynamiques, peut faire penser à de la gymnastique. En pratique c’est de la méditation.

Si dans l’esprit commun médiation rime avec assise, calme et immobilité, c’est que l’on confond la pratique méditative et l’état de méditation. S’assoir immobile en silence est une pratique méditative. La manière dont nous pratiquons le Kundalini Yoga avec des séquences dynamiques, rythmée voire chantée est également une pratique méditative. Dans ces deux pratiques en apparence très différentes nous cultivons le même « état de méditation ».

L’état de méditation se vit mieux qu’il ne se décrit.
Pendant la méditation nous allons nous mettre en relation avec notre mental depuis « un poste d’observation », nous faisons comme « un pas de côté » pour observer son fonctionnement.

Cette illustration bouddhiste décrit bien le cheminement du méditant.Notre mental est de nature agitée, et son rôle est de produire des pensées. Même si on veut arrêter de penser, le dialogue intérieur continu. Eléphant et singe noirs correspondent à ces qualités du mental non dompté.Le dressage de l’éléphant symbolise l’acte de la méditation. Si d’abord nous devons faire un grand effort et qu’il fait ce qu’il veut, au fur et à mesure nous savons comment le tenir et comment utiliser sa puissance.Ne plus être soumis au rythme effréné de nos propres pensées libère de nouveaux espaces et notre conscience commence « à souffler un peu ». Nous commençons à expérimenter des états de conscience élargie qui permettent par ailleurs de mieux cerner notre interdépendance et l’illusion du moi.

Les états méditatifs sont malheureusement souvent confondus avec des états de relaxation.
Le but de la méditation est d’amener son esprit à expérimenter la clarté et de vivre un moment de non-dualité. Rêvasser, être à deux doigts de s’endormir, s’imaginer des choses n’est pas la méditation.
Sans aucune maîtrise de notre mental, il est impossible d’accéder à des états de conscience supérieure. Cependant, comme le mental n’a pas trop « envie », après des années de « règne sans perturbation », de céder sa place, on peut procéder de manière astucieuse en cherchant des supports de méditation qui permettent de fixer le mental : la respiration, les sensations, une posture, un mantra, un objet, une visualisation….

Il existe beaucoup de techniques, et il faut donc chercher sa propre voie. Pour moi celle du Kundalini Yoga est la plus complète, joyeuse et victorieuses que j’ai expérimenté.
Ce n’est que plus tard que ces supports deviendront superflus.

Frédéric Marr.

Chouette, j’ai 10 corps !

Dans la tradition du Kundalini Yoga, l’être humain ne se compose pas d’un seul corps mais de dix ! Un corps physique, trois corps mentaux et six corps énergétiques.
En nous familiarisant avec cette cartographie, nous pouvons naviguer plus sereinement à l’intérieur de nous-même et apprenons à mieux gérer notre royaume.
Si le Kundalini Yoga offre des pratiques aussi variées, c’est justement pour agir sur tous les plans de notre être. L’état méditatif nous permet d’observer nos 3 corps mentaux, l’engagement physique et respiratoire réveille nos corps énergétiques, et nous pouvons faire l’expérience que le corps physique n’est qu’une infime partie de notre expérience humaine.
En développant la capacité à ressentir et discerner nos différents corps, nous ouvrons des voies qui facilitent la circulation de l’énergie et de la conscience.
Plus ces voies se multiplient entre nos corps, plus nous pouvons ressentir et comprendre des choses auparavant inaccessibles à nos sens et à notre conscience. Nous nous sentons alors plus claires, denses et unifiés. 


Le corps de l’âme
Le premier corps est notre meilleur ami pour la vie ! C’est notre âme. Contrairement au corps physique, l’âme n’a pas d’âge, ne vieillit pas et ne meurt jamais. Il est essentiel de ne pas oublier notre âme, d’entretenir une relation quotidienne avec ce corps. C’est la première chose que nous faisons le matin en pratiquant. 

L’esprit négatif
L’esprit négatif est en quelque sorte la partie de nous qui porte une ceinture de sécurité. C’est utile à certains moments mais très limitant si nous la gardons tout le temps ! Ce corps nous donne la capacité d’être perspicace, de ne pas nous laisser emporter dans une pensée trop optimiste et de rester à l’abri de situations dangereuses. Mais lorsqu’il est déséquilibré, l’esprit négatif peut devenir pessimisme, craintif, trop réfléchi, rationnel et calculateur.

L’esprit positif
L’esprit positif est créatif, inspirant et réjouissant lorsqu’il est équilibré, mais lorsqu’il est déséquilibré, il peut être dangereux. Nous pouvons devenir imprudents, impulsifs, crédules voir manipulables.

Esprit neutre
L’esprit neutre écoute l’apport de l’esprit négatif et de l’esprit positif et nous mène ensuite à la meilleure décision, en utilisant une connaissance intuitive impartiale. Il est préférable de faire appel à l’esprit neutre pour prendre des décisions et aborder les situations importantes.

Corps physique
Le corps physique a été fabriqué pour que nous puissions profiter d’une vie humaine. C’est le point d’équilibre entre le ciel et la terre. La clé pour perfectionner ce corps physique est l’équilibre. Équilibre dans le corps et l’esprit, équilibre dans le régime alimentaire et l’exercice, dans nos polarités, équilibre dans le jeu, le travail et le repos.

Le corps de l’arc
Le corps de l’arc ou Arcline est une ligne d’énergie qui forme un arc de l’extrémité d’une oreille à l’extrémité de l’autre oreille. On l’appelle parfois notre « halo ». Ce corps spirituel projette qui nous sommes aux autres personnes sans qu’un mot soit dit. Il nous protège également de l’énergie négative dirigée vers nous. Avez-vous déjà ressenti quelque chose, et vous êtes retourné pour trouver quelqu’un qui vous regardait ? C’est une expérience de l’ « arcline » en action.

Corps Aurique
Le corps Aurique ou Aura est une sphère d’énergie électromagnétique qui entoure le corps physique. Il peut s’étendre dans un rayon de 3 mètres. Nous pouvons reconnaître ce corps quand nous sentons la présence de quelqu’un d’autre dans la pièce, ou quand nous avons une idée de son énergie sans le toucher. Ce corps protège le corps physique et peut se manifester en différentes couleurs. Le champ électromagnétique des autres peut également avoir un impact sur nous.

Corps Pranique
Le corps de Pranique est ce qui contrôle la respiration et métabolise le prana, l’énergie de la force vitale de l’Univers. Le corps pranique nous donne de l’énergie, du courage, la maîtrise de notre esprit et de notre pouvoir de guérison. Quand nous respirons, nous nourrissons notre corps Pranique. En pratiquant le pranayama (souffle dynamique), nous faisons l’expérience de l’expansion et de la force de cet corps pranique.
 
Corps subtil
Le corps subtil nous donne l’occasion de comprendre et de maîtriser la subtilité de la vie. Cela peut nous aider à comprendre ce qui se passe autour de nous et comment les choses fonctionnent. Les gens qui peuvent s’adapter facilement aux situations ou acquérir de nouvelles compétences comme par magie, ont développé ce corps subtil.
 
Corps radiant
Le 10ème corps nous donne la royauté spirituelle et le rayonnement. Ceux qui ont un corps radiant fort ont beaucoup de charisme et ont tendance à briller. Un corps radiant fort nous rend courageux face à tous les obstacles. Les bonnes choses sont attirées vers nous à travers un corps radiant, développé et puissant.

Bien sûr nous pourrions détailler plus ces 10 corps, faire des ponts entre cette cartographie et des lectures occidentales venant de la science ou de la psychologie. Mon expérience est que le plus « utile » pour nous libérer et nous réaliser, n’est pas de les intellectualiser mais de développer la capacité à les ressentir et les discerner. A les intégrer ensemble dans une même espace temps, hors du temps et de l’espace !

Les voyages forment la … sagesse !

Alors que je rentre de voyage et redonne mon premier cours de yoga avant même de défaire ma valise je réalise que c’est justement en voyage que j’ai commencé mon voyage intérieur.
Si « les voyages forment la jeunesse » comme l’a dit Montaigne pour souligner la façon positive dont ils transforment celui ou celle qui voyage … il ne fait pas de doute que certains voyagent forment également la sagesse.

Quand j’ai commencé à méditer, lors d’un voyage dans une métropole du sud-est asiatique, j’ai immédiatement fait un parallèle entre mes explorations pédestres dans ce labyrinthe urbain et la contemplation assise et silencieuse des dédales de mon esprit.

Notre pratique du Kundalini Yoga comporte des moments méditation silencieuse qui permettent de se connecter avec notre état d’être intérieur. Notre état intérieur est complexe, comporte de nombreux niveaux et est en constante évolution. Le simple fait de faire régulièrement l’expérience de cette « impermanence », c’est-à-dire d’observer que notre état intérieur change même si rien ne change à l’extérieur, nous ouvre à plus de stabilité et de confiance.

Lorsque nous commençons notre voyage intérieur, notre première rencontre se fait avec nos pensées banales : sur ce que nous devons ou venons de faire, nos réalisations ou nos projets pour la journée, nos jugements et commentaires sur ce que nous faisons en ce moment même.

Mais la méditation est l’outil parfait pour entrer en contact, au-delà du flux des pensées banales qui souvent nous agitent et nous encombrent, avec ce qui se passe plus en profondeur et d’une certaine manière nous structure. C’est comme passer derrière les étales des marchés, au-delà des lampions des vitrines, qui accaparent notre attention pour découvrir juste derrière une multitude de stock, d’ateliers et d’artisans.

Une des choses que j’ai observées lors de ces voyages, c’est qu’il se passe beaucoup de choses et qu’elles semblent souvent contradictoires. Derrière une façade clinquante et sophistiquée se trouve souvent un atelier très simple et sombre. À deux pas d’une artère encombrée et bruyante on peut trouver un havre de paix et de verdure. Je peux me sentir heureux et triste en même temps. Je peux accéder simultanément à des sentiments de colère et de détachement. Tout est là au même endroit au même instant. Je remarque que j’ai peur et même temps que je suis excité. En continuant mon voyage par une immersion dans la nature j’ai constaté qu’ici c’était pareil. Qu’il suffisait de déplacer une écorce ou quelques feuilles en apparence mortes pour qu’apparaisse un monde grouillant de vie et en gâtant un peu plus retrouver un calme, au moins apparent.
Derrière le rideau figé de mon anxiété se trouve une paix vaillante. Sous une couche de peur glaçante se trouvait toujours un désir ardent. J’ai tiré plusieurs conclusions très simples de tout cela.

C’est ainsi que c’est en moi comme partout autour de moi et ou que je me trouve. Je ne suis donc pas différent, ni inadapté aux gens et aux choses qui m’entourent. Des réalités qui semblent opposées, voire contradictoires, existent simultanément. Tout cela est, même si je ne comprends pas comment, intimement lié.

J’ai le choix, à chaque instant, d’accorder mon attention à l’une ou l’autre de ces réalités intérieures. C’est aussi simple que de diriger mes pas dans une ville et mon regard dans la nature.

Il est pourtant parfois difficile de faire ces choix. S’engager dans une ruelle aux allures de coupe gorge, soulever un écorce ou se cache peut-être de petites bébêtes improbables. Ce que m’a appris de plus essentiel la ville, la nature comme la méditation est que maintenir notre regard change inévitablement notre vision.

Dans la ruelle, ces regards qui me semblaient hostiles en fait me sourient. Cette petite bête qui me dégoutait a attisé ma curiosité puis même ma sympathie. Assis depuis vingt minutes face à cette peur qui me crispait je la sens maintenant qui se détend en tendresse. Immobile à contempler sérieusement mon agacement, je suis gagné par un élan de légèreté et commence à rire de moi-même.

Je vois désormais les voyages « terrestre » et « intérieur » comme des processus de prise de décision sur où je pose le pas d’après ? Où je décide de m’arrêter ? Où est mon attention ? Où je décide de dé »placer mon attention ? Un pas pour expérimenter, pour découvrir ou pour me tester ? et peut-être oser aussi les pas les plus audacieux ceux qui me rendent plus stable, confiant, paisible et authentique !

Après des années de pratique je constante à quel point les voyages « terrestre » et « intérieurs » se ressemble et se complète. L’un nous aide à apprendre et à s’ouvrir au monde, l’autre à s’ouvrir à soi et se comprendre. L’un comme l’autre forment à tout âge, au-delà de la jeunesse, l’agilité et la sagesse.

Bon voyages !

Frédéric Marr.

Nous sommes pleins d’énergie, elle attend juste d’être autorisée…

L’énergie est là.
Nous n’avons pas à la créer ou à la forcer, elle est partout disponible, en nous et autour de nous.
Elle attend juste d’être autorisée et libérée.

La physique a démontré qu’il y autant d’énergie dans le feu que dans l’eau.
Sous cette forme ces énergies ne sont pas humaines et pourtant …

La détente peut être associée à l’eau et l’engagement au feu.

Quand nous n’avons que de l’eau en nous, sommes comme des lacs endormis. Que du feu et nous devenons inconfortables et intouchables. L’énergie de l’eau a besoin du feu pour se libérer. Le feu a besoin de l’eau pour se maitriser.

Et c’est là que nous devenons de véritables chaudrons alchimiques !
Quand nous pratiquons, nous alternons des moments de détente avec des moments d’engagement physique. Nous permettons à l’eau et feu de se rencontrer.

Les obstacles principaux à la libération de l’énergie sont les tensions physiques et psychiques.
La détente est une autorisation donnée à l’énergie pour se libérer et lui permettre de circuler.

L’énergie est par nature en expansion. Pour que l’énergie puisse être à notre service, elle doit être maitrisée. Sinon au mieux elle s’échappe, au pire elle dévaste.

Maitriser consiste à contenir l’énergie. Il ne s’agit pas d’essayer de l’enfermer ou de l’étouffer mais de lui offrir un contenant qui lui permette à la fois de se densifier et de circuler.

Il ne s’agit pas de la contrôler. Le contrôle est exercé par le mental isolé et créé des tensions délétères. La maitrise implique le mental avec d’autres dimensions de l’esprit, elle permet d’engager la conscience et le corps en restant détendu.

La maitrise est un engagement optimum de l’esprit et du corps. L’optimum est propre à chacun et à chaque instant et pourtant il se trouve toujours au même endroit, juste entre le minimum et le maximum ! C’est l’espace où vous pouvez être à la fois pleinement engagé et détendu. Vous ne pouvez pas vous tromper une grande joie se libère à cet endroit-là.

Automne, tristesse et dépression. (Partie 2/2)

Dans la vision yogique, la dépression est un appel de l’âme à apprendre à vivre pleinement l’émotion de tristesse. L’émotion (e-motion, « en mouvement » en anglais) est ce qui nous met en mouvement. Il ne s’agit donc pas de rester enlisé dans la tristesse mais de se laisser guider de la tristesse émotionnelle à une tristesse transcendante et purifiante.

Une émotion naturelle
A sa source la tristesse est une émotion naturelle qui émerge quand nous faisons l’expérience de la perte. Qu’il s’agisse d’une perte humaine, matérielle et même immatérielle, comme une illusion, une croyance, une fidélité.
Idéalement, il faudrait l’observer couler à travers nous, en surface, sans lui opposer d’obstacle. Alors elle nous traverse, nous informe et se transforme en une autre énergie.

Mais nous avons pris l’habitude de faire autrement. Nous cherchons à la nier, la retenir ou l’enfouir. Et comme nous faisons cela depuis notre enfance avec toutes les pertes que nous n’avons pas été en mesure de gérer, toutes ces rivières souterraines se sont regroupées en un énorme fleuve de mémoire dont chaque nouvelle perte vient grossir le flot. Cela fonctionne de manière très concrète avec l’ensemble de nos des connexions nerveuses et neuronales. Nous pouvons observer dans nos vies comme un petit événement peut déclencher une réaction disproportionnée. Disproportionnée dans son intensité mais également souvent déplacée dans sa nature. Car ce « fleuve » émotionnelle ne contient pas que de la tristesse mais bien un amalgame que toutes les émotions que nous avons refoulées. Alors la tristesse peut tout aussi bien déclencher de la colère, du dégout, un sentiment d’impuissance ou tout autre « cocktail Molotov » de notre composition !

Peut-être pouvez-vous ressentir dans votre corps, ou observer dans votre vie, comment un nouveau petit ruisseau peut faire déborder le fleuve !
J’ai tellement eu peur de ces débordements dans ma vie que j’ai suis arrivé à voir ce fleuve de réactivité émotionnelle comme un monstre.

Alors j’ai pris la précaution de nier, étouffer chaque émotion avant même qu’elle apparaisse. A la rendre muette afin d’éviter qu’elle ne réveille le monstre tapis à l’intérieur de moi ! Un monstre qui c’était nourri depuis l’enfance de toute mes souffrances et émotions refoulées. Un monstre que j’ai appelé « mon corps de souffrance » après la lecture de « Seul meurt la peur » de Barry Long (Version audio gratuite, réalisé par mes soins !, disponible ICI ) , un ouvrage aussi curieux que remarquable qui m’a aidé concrètement à sortir de ce cercle vicieux.

Une lecture qui m’a permis de réaliser que ce sont les histoires que nous nous racontons, bien plus que les pertes elles-mêmes qui entretiennent la tristesse et notre « corps de souffrance ». Cela allant jusqu’à entrainer des schémas auto-réalisateurs qui modèlent des situations futures qui nous font revivre encore et encore la perte, voir le rejet ou l’abandon.

Nous pouvons à partir de cette reconnaissance, aidé par la pratique de la méditation, discerner l’émotion naturelle de tristesse de celle accumulée et enfouis. L’une passagère nous traverse et se recycle dans le présent. L’autre nous immobilise, nous sommes comme enlisé dans le passé ou le futur. Un passé et un futur tellement vaste et multiple qu’il ne peut pas être réel, qu’il ne peut pas être le nôtre.

La tristesse transcendante
Réaliser cela ouvre la porte de ce que l’on peut appeler une « tristesse transcendante ». La tristesse transcendante commence par la réalisation que la souffrance et le chagrin sont universels, qu’ils arrivent dans la vie de chacun. En reconnaissant cela, nous pouvons nous éloigner de l’identification à la tristesse et commencer à travailler vraiment avec elle comme une énergie motrice.

J’aime l’appeler « transcendante » car elle m’a permis de m’élever, là ou la tristesse émotionnelle m’affaissait. Transcendante car elle m’a permis de créer, là ou la tristesse émotionnelle me poussait à répéter encore et encore les mêmes histoires.

Ce que j’appelle ici « tristesse transcendante » est l’expérience vécue de la première Noble Vérité du Bouddha : il y a de la souffrance.

Cette réalisation ressentie dans le corps permet de prendre de la hauteur. D’englober notre tristesse personnelle dans une réalité plus vaste.

Toute tristesse fait partie d’une tristesse humaine non personnelle que nous ressentons lorsque nous réalisons que rien ne dure, que les choses se réalisent rarement comme prévu et que le monde est d’une apparente injustice.

Depuis des siècles des yogis, des méditants et d’autres mystiques de tous bords décrivent avec leurs mots la même expérience. Rester en présence, en conscience, de notre tristesse de base, comme à la base de toute autre émotion, a un pouvoir libérateur et peut être un catalyseur pour une profonde ouverture spirituelle.

Frédéric Marr.

Le maître Bouddhiste Chögyam Trungpa, quand on lui demandait ce qu’il faisait quand il ressentait un profond mal-être, disait : « J’essaye de rester dedans le plus longtemps possible. »

Il ne s’agit de s’enliser ou de cultiver la souffrance mais de faire l’expérience qu’en se tenant calme digne et confortable dans son flot on pouvait s’en libérer.

Trungpa décrit dans ces enseignements une pratique tantrique qui consiste à rester en présence, même des fortes expériences douloureuses, et de travailler avec elles comme des énergies.

Cette approche est radicalement différente de ce que nous faisons habituellement. La plupart d’entre nous gérons superficiellement nos souffrances en les évitant ou en les rationalisant.

Combler par la nourriture, l’alcool ou autres drogues, se noyer dans le travail, le sport ou la procrastination numérique, sont des stratégies d’évitement. Nous utilisons n’importe quelle ressource extérieure pour produire quelques « hormones du bonheur ». Nous pouvons aussi rejeter la faute sur les autres, le monde ou sur nous-même, plutôt que d’accepter la réalité de la souffrance. Nous savons également trouver refuge dans une compréhension psychologique ou spirituelle qui légitime voir même valorise cette souffrance.

Tant que nous n’avons pas les ressources pour faire autrement, il est parfois nécessaire d’éviter. Nous pouvons voir cela comme un palier. Soit nous nous y installons, soit nous nous y ressourçons un temps avant de reprendre l’ascension !

Car la tristesse commence à révéler son véritable pouvoir de transformation lorsque que l’on désire sincèrement se débarrasser de nos stratégies d’évitement. Alors, en laissant se dissoudre les idées, les associations, les histoires que l’on échafaude à son sujet, nous nous ouvrons à un nouvel espace de perception et de compréhension. C’est un plongeon dans le présent, dans la sensation, qui ne laisse aucune place à la plainte, la nostalgie ou au romanesque. C’est une expérience directe de notre incarnation.

En pratique
Commençons par nous asseoir avec cette tristesse dans une posture digne et confortable. Laissons nous ressentir cette tristesse. Observez où elle se situe dans le corps. Sans rien changer à notre respiration, respirons dans la partie du corps où elle se situe, en laissant la sensation être. Restons avec elle pendant un moment. Ne cherchons pas à changer quoi que ce soit. Simplement ressentir, sans rien ajouter, sans rien retirer à ce qui est là.
Des prises de conscience, des informations à votre sujet, peuvent émerger. Quand cela arrive, notez-les simplement mentalement et revenez, autant de fois que nécessaire, à l’expérience physique immédiate.
Ce genre de travail intérieur demande un certain degré de courage, de volonté et d’entrainement à maintenir notre attention sur la sensation, a ressentir pleinement et sincèrement. Car ce n’est pas facile de faire face aux sentiments de blessure et de chagrin, notamment parce que nous avons tendance à nous identifier, à nous fondre avec ces sentiments.

Pour travailler avec les émotions fortes sans se laisser submerger, il est indispensable d’avoir une pratique qui nous permet de faire l’expérience qu’il y a quelque chose au-delà de notre « personnage de souffrance » qui s’identifie aux émotions. Ce sens plus large est souvent appelé « le témoin » ou « l’observateur », nous l’appellerons ici « l’être ». Depuis cet espace, je peux être présent, en paix, à ces émotions/sentiments sans les justifier, les juger ni les blâmer. Juste ressentir.

Pour la plupart d’entre nous, la rencontre avec «l’être » survient plus facilement en méditation. Il est même parfois nécessaire au préalable d’optimiser notre chimie corporelle, dans mon cas avec le kundalini yoga. Plus nous sommes capables de nous ancrer dans cet espace de « l’être », plus nous pouvons accueillir, accepter, et « surfer » les émotions qui émergent. Nous ne cherchons plus à nous mettre à l’abri de la tristesse mais à un endroit plus élevé qui englobe la tristesse dans un tout beaucoup plus vaste.

La tristesse à notre propre inertie
En travaillant sur la tristesse de cette façon, nous pouvons prendre conscience d’une autre couche de «tristesse transcendante » : une tristesse à notre propre inertie.

Le psychologue spirituel John Welwood appelle cela la « tristesse purifiante », ou la tristesse de l’âme, une reconnaissance directe selon lui du « prix que nous avons payé pour rester englués dans nos schémas étroits en nous détournant de notre plus large nature ».

« La tristesse purifiante » est l’une des plus puissantes motivations à la transformation, qu’il m’a été permis de toucher à ce jour.

En ressentant que ma profonde tristesse n’était pas liée aux histoires que je me racontais à son sujet mais bien à ma difficulté à vivre pleinement librement et joyeusement ma vie, c’est comme si l’énergie que gaspillait mon égo se remettais au service de mon âme.

Cela demande de s’engager à résister à l’envie de nous juger, de nous reprocher de ne pas être meilleur, plus conscient, ou plus compatissant. Lorsque nous nous permettons de ressentir cette « tristesse purifiante », nous nous ouvrons à notre propre aspiration à l’éveil, notre désir de vivre avec intégrité, d’abandonner notre « personnage de souffrance » et découvrir l’être unique que nous sommes vraiment, un être libre et puissant.

Il ne s’agit donc pas de s’installer dans la tristesse, même « transformante » ou « purifiante ». Mais de les considérer comme des courants, des énergies, que nous pouvons utiliser dans notre cheminement vers une façon de vivre notre vie avec un cœur ouvert. Lorsque nous apprenons l’art de laisser la tristesse nous amener jusque dans le cœur, ce que nous trouvons n’est pas de la tristesse mais de la tendresse, pas de la souffrance mais de la paix. L’autre face de la tristesse est quelque chose qui ressemble étrangement à l’amour !

Automne, tristesse et dépression. (Partie 1/2) 

A chaque saison ses joies, il y a toujours quelque chose a transcender !

Ce matin la météo annonçait le passage d’une grande dépression et la baisse des températures !

D’un point de vue yogique l’automne est aussi la saison des poumons, de la tristesse et donc potentiellement de la dépression. Chaque saison est ainsi l’occasion de mettre de la conscience sur ce que nous traversons. Non pas avec fatalisme, comme si cela allait durer tout le temps, mais d’une manière plus légère et organique en réalisant que cela s’intègre au cycle du vivant et l’impertinence. 

De façon très pragmatique nous savons, comme le jardinier, que c’est en faisant ce qui est à faire à chaque saison que nous pourrons vivre la saison suivante avec le plus de sens et de perspective pour notre croissance et notre floraison !

Dans l’enseignement yogique de Yogi Bhajan, la dépression froide désigne l’état dans lequel nous mettent les conditions de vie actuelles, faites de surcharge d’information, de suractivité, et  d’un manque cruel de temps pour soi-même et pour nos proches.

La demande extérieure est si intense que la réponse intérieure ne peut pas suivre. 

« Froide », car on ne s’aperçoit pas que l’on glisse peu à peu du stress à la dépression. 

Si on continue ses activités qui nous font souffrir ce n’est pas uniquement parce que nous ne savons ou ne pouvons faire autrement. C’est également une manière de fuir une douleur plus profonde, une douleur qui nous effraie d’autant plus que nous ne la connaissons généralement pas encore : la séparation avec notre être intérieur. 

Les yogis l’appellent « le silence de l’âme ». La séparation, l’anxiété, la perte de sens sont là, mais elles ne sont pas encore ressenties consciemment. 

Nous fuyons dans les faux espoirs, les leurres ou les fantasmes. Tout ce qui peut nous procurer un faux sentiment de complétude : le travail excessif, les sports extrêmes, les stimulants, les drogues, les dépendances affectives, … Tout ce qui nous permet de mettre un voile sur notre intimité. L’intimité étant ce qui touche à l’essence de notre être profond. 

La dépression est ainsi le signe que nous nous sommes trop éloigné de nos besoins et de notre vérité. La dépression nous rappelle notre besoin d’exister et nous invite à reprendre le chemin de nous-même. Nous pouvons alors, bien sur pratiquer le yoga et la méditation, mais de façon plus générale, toute activité qui permet de retrouver une connexion, vrai et sincère, à notre intériorité. Depuis cet espace nous recevons des informations qui nous guident, de manière non mentale, à faire des choix de vie plus en accord avec notre âme. 

A une époque de ma vie ou mon automne intérieure durait parfois 9 mois de l’année ! j’en suis arrivé à me demander pourquoi je me complaisais autant dans la tristesse ? Avec ma bande de copains nous étions très créatifs à nous distraire mais je préférais parfois me retrouver seul avec le romantisme, la nostalgie, voir la lamentation. Je préférais ressentir le manque, ou pleuré une disparition que de me distraire. 

Je trouvais dans ce silence et cette profondeur une sensation de vivre plus authentique que dans l’intensité et le fanfaronnage que je partageais avec les copains. Je comprend maintenant qu’en fait cela ressemblait à l’amour. Un amour triste et romantique, un amour contrarié, mais au moins de l’amour. Après avoir bien touché le fond, je pouvais rejoindre mes copains et manifester une joie sans précédent, comme rien de c’était passé avant. Comme si la tristesse et la joie avant la même source ! 

Je comprends aujourd’hui, que comme beaucoup d’enfants qui se sont construit dans la solitude, j’avais amalgamé la tristesse à l’amour. 

La tristesse est une émotion « marécageuse ». Comme une balade avec seulement des accords mineurs, la tristesse fait tourner en boucle une mélodie mortifère. Rythmé par l’apitoiement sur soi-même et des histoires de victimisation, des notes sombres de désespoir, des tons noirs de désespérance, des double-croches de relations impossibles, des temps morts avec nos chers disparus.

Si on la laisse se nourrir d’elle-même, la tristesse peut se transformer en dépression et désorganise immanquablement à la fois notre vie, notre chimie et notre santé. D’autant plus quand elle est associée à la drogue, l’alcool, les médicaments ou tout simplement une vie qui ne respecte plus les lois élémentaires du vivant. 

Paradoxalement quand la tristesse est ressentie pleinement elle montre autre visage, elle nous ouvre la porte de ce que Pema Chödrön appelle « le courage au coeur tendre ». Qu’elle évoque en particulier dans son livre « confiance inconditionnelle », qui a été pour moi une ressource précieuses quand j’ai traversé un grand marécage de tristesse. (Disponible en version audio gratuite ICI

Elle indique une issue vers un état de résilience, chargé de compassion et de tendresse qui permet d’«Entrer à nouveau en amitié avec soi-même » (Qui est également le titre d’un autre de ces livres). 

La tristesse est là pour être vécu. Elle contient une énergie qui demande à être libérée, à travers les larmes en particulier. Je pense parfois même à travers les poumons, la gorge et le son. Je me souviens avoir passé une nuit à hurler comme un louveteau seul, abandonné par la meute, incapable de continuer à vivre dans un environnement glacé et hostile. Hurler ? Peut-être faute d’avoir pu nommer et verbaliser.

Quand j’ai tout pleuré, je ne lutte plus pour que les choses soient autrement et peux m’ouvrir à un autre espace. Je peux ressentir plus en subtilité, au delà du voile émotionnel, ce qui est vraiment là pour moi. Je peux revenir à la maison, dans cet espace intérieur paisible et tranquille qui a toujours été là et sera toujours là. D’ici je peux ressentir ma tristesse juste pour ce qu’elle est, une énergie qui me traverse et souhaite initier un mouvement. Il ne s’agit donc pas de me résigner mais de faire une pause, prendre de la hauteur et m’ouvrir à un nouveau champ de perception et de compréhension. 

De la même façon que la colère peut être un pont vers la force et la peur vers le désir, la tristesse peut engendrer l’humilité, la compassion, une douce joie du cœur et d’autres états d’être profonds et élevés qui sont de précieuses ressources.  

Cela fait écho à un point fondamental de la tradition tantrique : la compréhension que les sentiments inconfortables (peur, avidité, colère, ainsi que la tristesse), qui agissent tels des poisons dans le corps et l’esprit, peuvent devenir les alliés de notre libération. Leur capacité à tirer vers le bas nous permet, à travers la transcendance, de nous  élever au-dessus de notre façon ordinaire de voir, d’être et d’agir dans le monde. 

La tradition tantrique considère tout ce qui existe comme étant constitué d’énergie créatrice divine, une vision radicalement non-duelle qui peut nous aider à reconnaître le pouvoir caché qui émerge lorsque nous abordons de façon constructive ces états généralement considérés comme négatifs. Un aphorisme tantrique dit : « Ce par quoi tu tombes est ce par quoi tu t’élèves ». 

Cette façon de travailler avec la tristesse n’est pas facile, mais je n’en connais pas de meilleure ! C’est un peu comme le surf. Pour réussir, nous devons nos accorder à la fois aux courants, à la houle et au vent. Nous devons accepter d’être emporté par un rouleau et de manger du sable ! Nous devons rester attentif aux qualités du surf, de nos cuisses et de l’état de la mer. Nous restons engagé et nous abandonnons à la pratique. Nous sommes sans attente et sortons du temps. 

Et quand enfin les conditions sont réunies, que nous sommes redressés, nous goutons à une joie  profonde, celle de nous être retrouvés intimement et d’avoir abonné un conditionnement, un attachement ou un fantasme qui nous limitait. 

(2e partie à venir prochainement) 

Frédéric Marr

Stress et anxiété, sont nos alliés !

Si vous n’avez jamais ressenti ni stress ni anxiété, continuez à vivre pleinement votre vie.

Pour les autres, nous pouvons, à l’instar de cette participante au dernier cours, nous interroger :  « Après la pratique je me sens sereine, légère, joyeuse. Cela dure même parfois plusieurs jours, puis d’abord le stress et ensuite l’anxiété m’envahissent à nouveau me pourrissent la vie. Je me demande si je suis doit me résigner à faire les montagnes russes ou s’il est possible de s’en débarrasser ? »

La bonne nouvelle c’est que ni le stress ni l’anxiété ne sont des fatalités.
Et je ne parle pas, comme cela est très répandu, de nous enfermer dans une camisole chimique !

Je vous invite ici à faire l’expérience de les considérer, comme je les ressens depuis quelques années, à la fois comme les pires des poisons et comme de précieux alliés !

Car le stress et l’anxiété nous indiquent la route pour nous en libérer et l’autre bonne nouvelle c’est que c’est la même que notre plein potentiel !

Il ne s’agit donc pas de s’en couper ou de s’en débarrasser mais bien de les accepter puis les écouter. Ils nous guident, de manière paradoxale, en nous faisant souffrir, vers notre réalisation. Quand nous sommes à nouveau au bon endroit le stress disparaît. Quand nous sommes dans la bonne direction l’anxiété s’évapore.

J’ai longtemps été à la fois stressé en anxieux. J’ai même, comme beaucoup d’hommes valorisé comme une force ma capacité à faire face au stress (voir à en infliger aux autres !). L’anxiété, elle, je la cachais de manière presque honteuse comme une faiblesse, une tare congénitale. D’une certaine manière tout allait bien. Tout le monde faisait pareil. Alors moi aussi je prenais sur moi, je minimisais et me coupais de ces souffrances, grâce à de nombreuses distractions, compensations et additions.

Le burn-out, la maladie, la perte de sens qui en ont découlé, m’ont permis de réaliser qu’au-delà de gâcher notre quotidien et de mettre notre santé en danger, le stress et l’anxiété, nous empêche de vivre pleinement notre vie.

Le stress est une réaction de l’organisme à ce qui est, ou ce qu’il considère comme, une agression, un choc physique ou psychique. On peut généralement facilement établir une relation de cause à effet entre le fait d’être stressé et ce qui nous stress.

L’anxiété est une sensation de malaise voire de danger lié au fait d’anticiper de façon négative, souvent inconsciemment, des évènements qui pourraient survenir dans le futur. Il est plus difficile de ressentir, comprendre, reconnaître la causalité.

Le stress et l’anxiété sont intimement liés
Le stress qui s’installe dans le temps créé de l’inconfort et l’anxiété. L’anxiété nous emmène à nous stresser encore plus. Dans l’inconfort nous créons de plus en plus de source concrète d’anxiété ! Et alimentons nos peurs, que l’on en soit conscient ou pas.
Ce cercle vicieux « stress-inconfort-anxiété-peur-stress-inconfort-anxiété » conduit généralement de manière inconsciente à envisager « notre pire cauchemar » au sujet de notre vie affective, amoureuse, familiale, professionnelle ou de notre santé.

C’est là que se trouve à mon sens la vraie motivation pour considérer sérieusement ce poison. Tant je minimise je trouve des solutions pour ne plus ressentir, ne serait-ce que temporairement le stress et l’anxiété. Pour ne plus qu’ils m’empoisonnent il me fallait être intimement être satisfait, si ce n’est de ma vie, de la direction qu’elle prenait.

Si un vieil adage dit que « la peur n’évite pas le danger » des recherches en neurosciences et en physique quantique prouvent même que « la peur provoque le danger » car nos pensées et nos états émotionnels créent notre réalité.

Pour retrouver la maitrise de mon chemin j’ai dû prendre la pleine responsabilité de ce stress et de cette anxiété. C’est-à-dire arrêter d’en tenir comme responsable les autres, mon environnement ou la société. Me focaliser sur la manière dont à l’intérieur de moi je créais et entretenais ce stress et cette anxiété. Tant que je me plaints je suis impuissant. En prenant la responsabilité je reprends le pouvoir, c’est-à-dire le droit, la permission, la possibilité de changer cette situation.

J’ai alors commencé à me voir comme un ballon. Ma responsabilité c’est d’avoir assez de ressource, de densité à l’intérieur pour ne pas subir la pression, le stress, de mon environnement. Ne pas me laisser écraser, garder ma forme et mon intégrité. Et naturellement quand la pression est trop forte le ballon change de place !

Le stress m’informe sur ce que je vis concrètement au présent, dans mon environnement immédiat. Il m’indique que je n’ai pas les ressources intérieures pour vivre cela ou que je ne suis pas au bon endroit. Ma responsabilité c’est d’obtenir ou créer ces ressources ou de changer d’endroit !

Car si je reste coincé sous pression, je ne peux envisager l’avenir qu’à travers la souffrance et le danger, je crée alors inévitablement de l’anxiété.

Le stress m’informe au présent que je ne prends pas bien soin de moi à cet instant.
L’anxiété m’indique que la dynamique dans laquelle je suis engagé dans ma vie ne respecte pas mes besoins fondamentaux.

Le stress me demande de renforcer mon ancrage pour habiter pleinement mon présent, pour créer l’harmonie, sur un plan vertical, entre les conditions extérieures et mes ressources intérieures.

L’anxiété m’invite à l’élévation pour sentir ce que je veux vraiment dans ma vie, pour aligner sur un plan horizontal, ce que je vis avec ce quoi j’aspire. En me focalisant sur, la seule chose qui ne dépend que de moi, ma vie intérieure.

Cela n’est pas immédiat, c’est un processus parfois long et toujours impliquant.

Dans les ressources qui ont compté pour moi il y a bien sûr le yoga et la médiation mais pour déloger la racine le programme MBSR et le WORK ont été également très précieux.

Il ne s’agit pas de se débarrasser temporairement de la sensation du stress et de l’anxiété. Ils reviennent généralement encore plus fort. Si je n’ai pas écouté ce qu’ils avaient à me dire mon environnement c’est généralement dégradé et génère encore plus de stress et d’anxiété. Plus je vis l’inconfort au quotidien, pus j’envisage l’avenir à travers mes peurs.

Il s’agit d’écouter, accueillir accepter sincèrement ce qu’ils me disent. Puis m’engager concrètement : à trouver des ressources intérieures, pour créer un quotidien confortable; à trouver l’inspiration pour poser des actes qui m’engagent à retrouver du confort intérieur, à prendre en compte mes besoins fondamentaux.

Alors on découvre que le stress peut être bon, quand il nous stimule à dépasser nos limites, à sortir de notre zone de d’inconfort, à mettre en harmonie notre intimité avec le monde extérieur. L’anxiété devient douce et passagère quand elle nous invite à nous élever et grâce à notre intuition nous permettre de réajuster le cap de notre vie.

L’alchimiste Paracelse a dit « Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison. » Dans le cas du stress et de l’anxiété on pourrait dire que c’est la manière dont nous les considérons ou pas, qui en font des poisons ou des alliés !